S’engager dans la transition écologique avec l’aide des méthodes Lean

S’engager dans la transition écologique avec l’aide des méthodes Lean
Publié le Lundi 10 novembre 2025

Patrick Pierron
Consultant Senior, Black Belt Lean Six Sigma

Un contexte peu encourageant

Relocaliser l’activité industrielle est un des leviers majeurs de la réduction de l’empreinte carbone pour la France. En effet, 55% de son empreinte carbone est associée aux importations, essentiellement en raison des émissions liées aux transports associés, mais également des choix concernant le Développement Durable de chaque pays fournisseur.

Par ailleurs, cela répond à des enjeux stratégiques et géopolitiques d’actualité.

Pour autant, la réindustrialisation de nos territoires peine à se mettre en place, en dépit des incitations issues des politiques de l’état. En effet, plusieurs freins se présentent : coûts de production élevés, risques de pollution, besoins d’investissements élevés, niveau des exigences sociales par rapport aux pays dits à "bas coût" de production, émissions de CO² associées …

En parallèle, certains pays font le choix de l’intensification de l’exploitation des ressources naturelles ou de modèles productivistes, allant à l’encontre même des besoins impératifs de réduction des émissions pour maintenir un climat viable sur notre planète et freinant la dynamique globale nécessaire, tout en tirant les coûts vers le bas. Ce, alors que les conséquences économiques de la dette issue notamment de la crise du Covid renforce la recherche de réduction budgétaire tous azimuts qui n’est pas favorable à des engagements volontaristes et potentiellement coûteux, tant au niveau de l’état que des choix de consommation des ménages.

Un autre élément de contexte défavorable est l’augmentation exponentielle des classes moyennes des pays émergents et du niveau de consommation associée favorise des économies d’échelle au niveau des coûts de production, ce qui maintient leur attractivité économique pour les acheteurs occidentaux et freine la relocalisation de certaines activités, comme la fabrication des produits de grande consommation non périssables (produits bruns, textile …)

Pendant ce temps, la température augmente, l’instabilité s’accroît et les crises se confirment, qu’elles soient climatiques ou sociales.

Faut-il donc se résoudre à les subir et à se sentir impuissant face à ces évolutions ?!...

 

Des leviers d’action à la portée des acteurs des démarches d’Excellence Opérationnelle

Chacun d’entre nous avons, à notre portée, un levier d’action puissant pour favoriser autant la relocalisation que la résilience fasse à ce contexte : le Lean management, utilisé de façon éclairée et responsable.

En effet, pour permettre la relocalisation, au vu des contraintes évoquées précédemment, trois leviers doivent être activés.

  1. L’innovation pour réduire significativement certains coûts de production, mais également développer des solutions innovantes de réduction drastique de la consommation d’énergie et des rejets de CO². Par exemple, pour ne pas penser que par le triptyque classique automatisation-digitalisation-iA : le développement de fours de fusion du verre à basse consommation d’énergie fossile pour des usines de fabrication de bouteilles (comme chez Verallia dans la Loire) réduit les coûts d’exploitation et les émissions.

Réussir ces projets ambitieux ne repose pas seulement sur des investissements importants (plusieurs Mio €) et la créativité d’ingénieurs d’études brillants.

Il faut notamment :

  • proposer des procédés et processus réellement adaptés aux besoins des opérationnels des industries demandeuses,
  • générer des solutions innovantes,
  • être capable de développer et industrialiser "bon du 1er coup" en optimisant les temps de développement et en réduisant les itérations du classique "cycle en V". Mettre rapidement les solutions en œuvre représente un avantage compétitif notable pour les industries et de nouveaux contrats pour les bureaux d’études (donc de l’emploi).

Les outils et méthodes du Lean Engineering permettent cela, que ce soit au niveau des analyses initiales, de la gestion des plannings en flux tiré, de l’animation dynamique des équipes, de la réduction des tâches à faible valeur ajoutée (mails, reportings) etc.

  1. L’efficience des processus de production et supports (logistique, finance, qualité …) pour une meilleure productivité. Cela passe par la recherche des fameux Mudas / Mura / Muri ou sources de non-performance : gaspillages de temps, gaspillages de compétences et d’engagement humain, mais également gaspillages de ressources (énergies, matières …) qui ont un impact direct sur les enjeux environnementaux.

Tout l’attirail classique des méthodes de "Juste à temps" et de "Jidoka" contribue à cela :

  • analyse de valeur ajoutée des flux en processus visant leur fluidification,
  • organisation rationnelle des espaces de travail,
  • résolution des problèmes répétitifs et méthodes visant le "bon du 1er coup",
  • standardisation des bonnes pratiques,
  • identification et réduction des causes de variabilité des procédés,
  • etc.

Mais également l’approche Lean Accounting qui, utilisée conjointement entre Contrôle de Gestion et animateurs Lean, permettra de valoriser les économies de ressources de manière tangible, tout en les reliant aux impacts environnementaux.

  1. Une nouvelle dynamique humaine via l’implication active des équipes opérationnelles dans l’évolution du fonctionnement de l’entreprise au quotidien à travers des routines et d’instances de pilotage au service des enjeux de la transition.

Actionner les deux premiers leviers va de pair avec la méthode de management participatif sur le terrain qu’est l’Animation à Intervalle Court (AIC) et qui repose sur l’intelligence collective, le management visuel et les postures d’animation des encadrants.

En effet, les problèmes sont vécus sur et par le terrain et les bonnes idées germent en chez ceux qui réalisent des tâches inefficientes. Par ailleurs, le changement associé aux améliorations issues des projets d’évolution doit pouvoir être accepté par ces acteurs.

Mais c’est également en rendant l’organisation du travail optimale (horaires de travail, autonomie, modalités QVCT …) pour les salariés qu’une industrie relocalisée sera viable socialement dans nos pays.

C’est donc en les associant de façon volontariste dans les améliorations au quotidien et dans ses choix d’organisation que l’entreprise démultipliera sa capacité à être efficiente.

Enfin, mettre en place une telle cette dynamique contribue à donner du sens aux efforts des salariés des entreprises engagées dans la transition et, au niveau de l’entreprise, à développer des groupes humains résilients et aptes à faire face aux crises (impératif décrit par Pablo Servigne dans son livre "Le réseau des Tempêtes").

 

On peut donc, mais surtout, il faut y aller !

En mettant en place de façon volontaire un programme d’Excellence Opérationnelle s’appuyant sur le Lean Management et le Six Sigma, les entreprises ont les moyens de contribuer directement à la transition environnementale et sociétale indispensable.

Vous former avec cet état d’esprit permet de démultiplier les capacités d’action des entreprises, mais donnera également les moyens d’initier des actions "bottom-up" qui peuvent avoir un effet bénéfique et responsable pour vos collègues et pour la société.

Cerise sur le gâteau : cela ne pourra que renforcer le sens de votre travail salarié.

D’autant qu’il n’y a pas de choix, car

 There is no planet B

There is no planet B

 

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Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez nous rejoindre lors de notre Web-conférence "Le Lean au service d’une réindustrialisation responsable"  qui se déroulera le vendredi 21 novembre 2025 de 11h à 12h.

 

 


Patrick Pierron
Consultant Senior, Black Belt Lean Six Sigma

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