Quand faut-il passer du DMAIC au DFSS ?

Quand faut-il passer du DMAIC au DFSS ?
Publié le Mardi 5 mai 2015

Jean-Louis Théron
Master Black Belt

La partie la plus connue du Lean 6 Sigma est le cycle « DMAIC », conçu à l’origine au sein de Motorola lors de la définition de la méthodologie « Six Sigma ». Le DMAIC permet d’améliorer un processus existant. Il s’agit en fait de déterminer les « lois de fonctionnement » de ce processus existant, ce qu’on appelle en statistiques « le modèle », afin de déterminer les solutions à déployer.

On tire parti de la connaissance des conditions qui font que le processus dysfonctionne ou fonctionne (variation), ces conditions provenant de la variation de certains facteurs influents.

Mais que faire lorsque le processus est complètement à refaire, ou même lorsqu’il n’existe pas encore ?

C’est la situation que rencontrent les Directions Marketing et R&D des entreprises, lorsqu’il s’agit de répondre à un besoin du marché, ou d’un client important pour lequel un processus nouveau doit être mis au point. En fait, il s’agit d’abord de définir le produit répondant parfaitement aux besoins du client, puis de définir le processus permettant de réaliser parfaitement ce produit. Rien que ça !

On appelle cette démarche le « DFSS » : « Design for Six Sigma ». Le cycle méthodologique utilisé est différent, et il n’y en a pas qu’un seul : DMADV, DMEDI, IDOV, ICOV, etc. Le cycle le plus connu est le DMADV : Define, Measure, Analyze, Design, Validate.

Attention, les noms des premières phases ressemblent aux phases Define / Measure / Analyze du DMAIC : ceci pourrait laisser penser qu’il s’agit des mêmes activités. Mais Définir en DFSS, c’est préciser le projet sans se préoccuper encore de la « voix du client ». Mesurer en DFSS, c’est collecter le besoin du marché/des clients. Analyser en DFSS, c’est articuler et pondérer les exigences pour définir les fonctions-clés auxquelles le produit va répondre. Les outils sont différents de ceux du DMAIC : QFD, conception axiomatique, TRIZ, Design for X… de nouveaux sigles, mais surtout des approches originales pour réaliser une bonne conception.

Nos entreprises françaises et européennes font face à une concurrence accrue du fait de la mondialisation. Elles doivent renouveler leurs produits, pour ne pas rester dans un « milieu de gamme » pas assez différenciateur. L’excellence en conception est donc un réel besoin : s’en donneront-elles les moyens ?


Jean-Louis Théron
Master Black Belt

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