Flux tirés : Point de départ ou finalité ?
Pour encore beaucoup de dirigeants, l’unique manière d’assurer un taux de service client élevé passe systématiquement par un niveau de stock conséquent positionné sur l’ensemble de la chaine de valeur et notamment sur les produits finis.
Au-delà d’une approche dogmatique visant à opposer les modes de production en flux poussés/flux tirés, il convient d’analyser ces démarches avec la volonté de répondre aux principaux enjeux des entreprises, notamment en termes de réduction des délais et de connaissance des profils d’écoulement des ventes.
« Rythmer » la Production sur les Ventes, afin de livrer au quotidien les produits demandés, en quantité voulue, à une date voulue, au bon endroit et à un prix négocié reste une « cible » parfois difficilement accessible pour les entreprises.
Et pourtant, “Plus une compagnie a de l’inventaire, moins elle aura ce dont elle a besoin”, cette citation de Taïchi Ohno (Fondateur du Toyota Production System) concrétise ce que nous observons souvent durant nos diagnostics, à savoir des ruptures sur certaines références, du surstock sur d’autres, générant ainsi du mécontentement client et une augmentation du BFR.
La gestion de la demande, la planification, l’ordonnancement et les approvisionnements doivent être synchronisés et pilotés de manières collaboratives et visuelles dans un environnement permettant de fonctionner sur la réalité de l’activité et non sur des hypothèses.
Pour autant, il ne s’agit pas d’opposer les différents modes de production. En effet, dans certains cas (produits en lancement, …), la logique de planification en mode poussé peut tout à fait convenir et permettre d’anticiper des volumes de vente prévisionnels non stables et non connus. Il est également tout à fait possible de combiner une approche « flux poussé » afin d’identifier les volumes d’achat prévisionnels (cas des MP à long délais) et une approche « flux tiré » permettant de déclencher la production sur la base de la consommation moyenne journalière (CMJ).
La mise en place d’un flux tiré doit être accompagné en adaptant l’organisation à cette « nouvelle » manière de penser la supply chain. Elle doit aborder notamment la politique des délais commerciaux, le dimensionnement des boucles de réapprovisionnement et la mise en place de partenariats fournisseurs, …
Le flux tiré ne doit pas être uniquement appréhender comme une démarche logistique mais aussi comme un vecteur d’amélioration de la performance car sa mise en place requiert une excellente maîtrise du processus industriel. En effet, le flux tiré permet non seulement de faire baisser le niveau des en-cours et par conséquent d’accélérer le flux, mais il sert également à révéler les problèmes (image du bateau/cailloux bien connue !) afin de les résoudre. C’est la raison pour laquelle, lorsque la maturité le permet, certaines entreprises positionnent le flux tiré relativement tôt dans la démarche de transformation.
Par la mise en œuvre d’un système de pilotage approprié et une recherche permanente des causes racines, cette approche doit permettre d’accélérer la circulation des matières et de l’information tout en optimisant le niveau d’en-cours et le taux de service client.
Pour conclure, il est important de mentionner que la réussite d’un tel projet nécessite une forte implication des équipes, un alignement managérial et la mise en place d’une logique d’intelligence collective entre les différents départements opérationnels (production, supply chain, vente, achat/appro, finance …).
Si vous souhaitez approfondir ce sujet, visionnez le replay de la web-conférence : « DDMRP et flux tirés ».